Voila nos feuilles sans seve Qui tombent concernant le gazon, Voila le vent qui s’eleve Et gemit dans le vallon, Voila l’errante hirondelle
Written by ABC AUDIO on October 27, 2022
Qui rase du bout de l’aile : L’eau dormante des marais, Voila l’enfant des chaumieres Qui glane i propos des bruyeres Le bois tombe des forets.
L’onde n’a plus le murmure , Dont celle-ci enchantait nos bois ; Sous des rameaux sans verdure. Mes oiseaux n’ont environ voix ; Notre soir reste pres de l’aurore, L’astre tout juste vient d’eclore Qu’il va terminer son tour, Cela jette par intervalle Une heure de clarte pale Qu’on appelle encore 1 jour.
L’aube n’a environ zephire Sous ses nuages dores, La pourpre du apri?m expire Sur les flots decolores, La mer solitaire et vide N’est plus qu’un desert aride Ou l’oeil cherche en vain l’esquif, Et sur la greve plus sourde La vague orageuse et lourde N’a qu’un murmure plaintif.
La brebis sur les collines Ne deniche plus le gazon, Son agneau laisse a toutes les epines Mes debris de sa propre toison, J’ai flute aux accords champetres Ne rejouit plus des hetres Plusieurs airs de joie ou d’amour, Toute herbe aux champs reste glanee : Ainsi termine une annee, Ainsi finissent les journees !
C’est la periode de l’annee ou bien tombe Aux coups redoubles des vents ; Un vent qui vient d’la tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme Notre plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent rechauffer ses ailes A l’approche des hivers.
C’est aussi que la paupiere Vous vit palir et mourir, Tendres fruits qu’a la lumiere Dieu n’a gui?re laisse murir ! Quoique jeune sur la terre, j’suis deja solitaire Parmi ceux ma saison, Et quand je dis en moi-meme : Ou sont ceux que ton coeur kiffe ? Je regarde le gazon.
Leur tombe est sur la colline, Mon pied la sait ; la voila ! Neanmoins, un essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils la ? Jusqu’a l’indien rivage Le ramier a un message Qu’il rapporte a nos climats ; Notre voile passe et repasse, Mais de le etroit espace Leur ame ne revient nullement.
Ah ! quand les vents de l’automne Sifflent dans les rameaux morts, au moment oi? le brin d’herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, au moment oi? Notre cloche des tenebres Balance ses glas funebres, J’ai nuit, a travers des bois, A chaque vent qui s’eleve, A chaque flot via la greve, Je dis : N’es-tu gui?re leur voix?
Du moins si leur voix si pure Est trop vague pour des sens, Leur ame en secret murmure De surcroit perso accents ; Au fond des coeurs qui sommeillent, Leurs souvenirs qui s’eveillent Se pressent de tous cotes, Comme d’arides feuillages que rapportent des orages Au tronc qui les a portes !
C’est une tante ravie A ses enfants disperses, Qui leur tend de l’autre vie Ces bras qui les ont berces ; Plusieurs baisers sont via sa bouche, Sur ce coeur qui fut leur couche Son coeur les rappelle a soi ; Des pleurs voilent son sourire, ainsi, son regard semble affirmer : Vous aime-t-on tel moi ?
C’est une jeune fiancee Qui, le front ceint du bandeau, N’emporta qu’une pensee De sa jeunesse au tombeau ; Triste, helas ! dans le ciel aussi, Pour revoir celui qu’elle adore Elle revient sur ses pas, ainsi, lui dit : Ma tombe reste verte ! Sur votre terre deserte Qu’attends-tu ? Je n’y suis gui?re !
C’est mes fri?res de l’enfance, Qu’aux jours sombres du malheur Nous preta la Providence Pour appuyer notre c?ur ; Cela n’est plus ; une ame est veuve, Cela nous suit dans notre epreuve Et nous evoque avec pitie :
Ami, si ton ame reste haute, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitie ?
C’est l’ombre pale d’un pere Qui mourut en nous nommant ; C’est une soeur, c’est un frere, Qui nous devance un moment ; Sous une heureuse demeure, Avec celui qui les hurle, Helas ! ils dormaient hier ! Et notre coeur doute bien, Que le ver deja devore Cette chair de notre chair !
L’enfant dont la mort cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glace du tombeau ; Tous ceux enfin dont l’existence Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussiere : Vous qui voyez la lumiere, Vous souvenez-vous de nous ?
Ah ! vous pleurer est le bonheur supreme Manes cheris de quiconque a des pleurs ! Vous oublier c’est s’oublier soi-meme : N’etes-vous jamais un debris de des coeurs ?
En avancant dans notre obscur week-end, Du doux passe l’horizon reste plus excellent, En deux moities une ame se partage, Et Notre meilleure appartient au tombeau !
Dieu du pardon ! un Dieu ! Dieu de leurs peres ! Toi que un bouche a si souvent nomme ! Entends Afin de eux les larmes de leurs freres ! Prions Afin de eux, nous qu’ils ont tant aime !
Ils t’ont prie pendant un courte vie, Ils ont souri quand tu les as frappes ! Ils ont crie : que ta main soit benie ! Dieu, bien espoir ! les aurais-tu trompes ?
Et cependant pourquoi votre long silence ? Nous auraient-ils oublies sans retour ? N’aiment-ils plus ? Ah ! votre doute t’offense ! Et toi, mon Dieu, n’es-tu pas bien amour ?
Neanmoins,, s’ils parlaient a l’ami qui les pleure, S’ils nous disaient De quelle fai§on ils seront content, De tes desseins nous devancerions l’heure, Avant ton jour nous volerions par eux.
Ou vivent-ils ? Quel astre, a leur paupiere Repand un jour plus durable et plus doux ? Vont-ils peupler ces iles de lumiere ? Ou planent-ils entre le ciel et nous ?
Sont-ils noyes dans l’eternelle flamme ? Ont-ils perdu ces doux noms d’ici-bas, Ces noms de soeur et d’amante ainsi que femme ? A ces appels ne repondront-ils nullement ?
Non, non, mon Dieu, si la celeste gloire Leur eut ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enleve leur memoire ;
Nos pleurs via eux couleraient-ils en vain ?
Ah ! dans ton sein que leur ame se noie ! Mais garde-nous nos places dans leur c?ur ; Eux qui jadis ont goute une joie, Pouvons-nous etre heureux sans leur bonheur ?
Etends concernant eux la main de ta clemence, Ils ont peche; mais le ciel est un don ! Ils ont souffert; c’est une autre innocence ! Ils ont adore; c’est le sceau du pardon !