Voila des feuilles sans seve Qui tombent dans le gazon, Voila le vent qui s’eleve Et gemit au vallon, Voila l’errante hirondelle
Written by ABC AUDIO on October 22, 2022
Qui rase du bout de l’aile : L’eau dormante des marais, Voila l’enfant des chaumieres Qui glane i propos des bruyeres Le bois tombe des forets.
L’onde n’a plus le murmure , Dont elle enchantait les bois ; Sous des rameaux sans verdure. Mes oiseaux n’ont plus de voix ; Le soir reste pres de l’aurore, L’astre tout juste vient d’eclore Qu’il va terminer son tour, Cela jette via intervalle Une heure de clarte pale Qu’on appelle i nouveau un jour.
L’aube n’a environ zephire Sous ses nuages dores, La pourpre du apri?m expire i propos des flots decolores, J’ai mer solitaire et vide N’est plus qu’un desert aride Ou l’oeil cherche en vain l’esquif, ainsi, sur la greve plus sourde J’ai vague orageuse et lourde N’a qu’un murmure plaintif.
La brebis i propos des collines Ne degote plus le gazon, Son agneau laisse a toutes les epines Les debris de une toison, J’ai flute a toutes les accords champetres Ne rejouit plus nos hetres Des airs de joie ou d’amour, Toute herbe aux champs reste glanee : Ainsi finit une annee, Ainsi finissent nos semaines !
C’est la periode ou tout tombe Aux coups redoubles des vents ; Un vent qui vient en tombe Moissonne aussi les vivants : Ils tombent alors par mille, Comme la plume inutile Que l’aigle abandonne aux airs, Lorsque des plumes nouvelles Viennent rechauffer ses ailes A l’approche des hivers.
C’est alors que ma paupiere Vous vit palir et mourir, Tendres fruits qu’a la lumiere Dieu n’a jamais laisse murir ! Quoique jeune sur la terre, j’suis deja solitaire Parmi ceux ma saison, Et quand je dis en moi-meme : Ou paraissent ceux que ton coeur aime ? Je regarde le gazon.
Leur tombe est sur la colline, Mon pied la sait ; la voila ! Neanmoins, un essence divine, Mais eux, Seigneur, sont-ils la ? Jusqu’a l’indien rivage Le ramier porte un message Qu’il rapporte a les climats ; La voile passe et repasse, Mais de son etroit espace Leur ame ne revient gui?re.
Ah ! quand les vents de l’automne Sifflent dans les rameaux morts, Quand le brin d’herbe frissonne, Quand le pin rend ses accords, Quand Notre cloche des tenebres Balance ses glas funebres, Notre nuit, a travers des bois, A chaque vent qui s’eleve, A chaque flot sur la greve, Je dis : N’es-tu nullement un voix?
Du moins si leur voix si pure Est trop vague concernant les sens, Leur ame en secret murmure De surcroi®t perso accents ; Au fond des coeurs qui sommeillent, Leurs souvenirs qui s’eveillent Se pressent de tous cotes, Comme d’arides feuillages que rapportent des orages Au tronc qui les a portes !
C’est une tante ravie A ses bambins disperses, Qui leur tend de l’autre vie Ces bras qui les ont berces ; Plusieurs baisers seront sur sa bouche, Sur ce coeur qui fut leur couche Son coeur les rappelle a soi ; Plusieurs pleurs voilent son sourire, ainsi, le regard parai®t affirmer : Vous aime-t-on tel moi ?
C’est une jeune fiancee Qui, le front ceint du bandeau, N’emporta qu’une pensee De sa jeunesse au tombeau ; Triste, helas ! au ciel aussi, Pour revoir celui qu’elle aime Elle revient via ses jamais, Et lui evoque : Ma tombe est degoi»tee ! Sur votre terre deserte Qu’attends-tu ? Je n’y suis nullement !
C’est mon mari de l’enfance, Qu’aux jours sombres du malheur Nous preta la Providence Pour appuyer une c?ur ; Cela n’est plus ; notre ame reste veuve, Il nous suit dans notre epreuve Et nous evoque avec pitie :
Ami, si ton ame est haute, De ta joie ou de ta peine Qui portera la moitie ?
C’est l’ombre pale d’un pere Qui mourut en nous nommant ; C’est une soeur, c’est votre frere, Qui nous devance un moment ; Sous une heureuse demeure, Avec celui qui les hurle, Helas ! ils dormaient hier ! Et une coeur doute bien, que le ver deja devore Cette chair de notre chair !
L’enfant dont la fond cruelle Vient de vider le berceau, Qui tomba de la mamelle Au lit glace du tombeau ; Tous ceux enfin dont le quotidien Un jour ou l’autre ravie, Emporte une part de nous, Murmurent sous la poussiere : Vous qui voyez la lumiere, Vous souvenez-vous de nous ?
Ah ! vous pleurer est le bonheur supreme Manes cheris de quiconque a des pleurs ! Vous oublier c’est s’oublier soi-meme : N’etes-vous nullement un debris de les coeurs ?
En avancant dans notre obscur week-end, Du doux passe l’horizon reste plus beau, En deux moities une ame se partage, Et J’ai meilleure appartient au tombeau !
Dieu du pardon ! un Dieu ! Dieu de leurs peres ! Toi que un bouche a si souvent nomme ! Entends Afin de eux les larmes de leurs freres ! Prions Afin de eux, nous qu’ils ont tant aime !
Ils t’ont prie pendant leur courte life, Ils ont souri quand tu les as frappes ! Ils ont crie : Que ta main soit benie ! Dieu, tout pussysaga chat espoir ! des aurais-tu trompes ?
Et cependant pourquoi ce long silence ? Nous auraient-ils oublies sans retour ? N’aiment-ils plus ? Ah ! votre doute t’offense ! Et toi, mon Dieu, n’es-tu pas tout amour ?
Mais, s’ils parlaient a l’ami qui les hurle, S’ils nous disaient De quelle fai§on ils sont content, De tes desseins nous devancerions l’heure, Avant ton jour nous volerions par eux.
Ou vivent-ils ? Quel astre, a un paupiere Repand 1 jour plus durable et plus doux ? Vont-ils peupler ces iles de lumiere ? Ou planent-ils entre le ciel et nous ?
Sont-ils noyes dans l’eternelle flamme ? Ont-ils perdu ces doux noms d’ici-bas, Ces noms de soeur et d’amante et de femme ? A ces appels ne repondront-ils pas ?
Non, non, mon Dieu, si la celeste gloire Leur eut ravi tout souvenir humain, Tu nous aurais enleve leur memoire ;
Nos pleurs dans eux couleraient-ils en vain ?
Ah ! dans ton coeur que leur ame se noie ! Mais garde-nous nos places dans leur c?ur ; Eux qui jadis ont goute notre joie, Pouvons-nous etre heureux sans un plaisir ?
Etends dans eux la main de ta clemence, Ils ont peche; mais le ciel est un don ! Ils ont souffert; c’est une autre innocence ! Ils ont adore; c’est le sceau du pardon !