D’un scrutin a l’autre, entre 20 et 30 % des electeurs inscrits sur la liste electorale au Quebec ne votent jamais.
Written by ABC AUDIO on October 19, 2022
Et 1,25 % de ceux ayant vote a toutes les elections en 2003 ont vu leur bulletin de vote rejete pour cause de non-conformite avec les regles du systeme electoral.
Lors des elections nouvelles, les bulletins rejetes comptaient pour pres de 2 % des voix exprimees. Dans ces cas, les bulletins de vote ont ete annules avec les electeurs, volontairement ou non, d’une maniere ou d’une nouvelle: croix multiples, messages de protestation, bulletins blancs, etc. Aux dernieres elections, votre parti tres informel de ceux qui annulent un vote a ainsi obtenu plus de voix dans les urnes que l’Union des forces progressistes, le Parti vert et l’integralite des tiers partis!
Le syndicaliste Jacques Chartrand, presente depuis des decennies comme 1 homme au sens moral et civique exceptionnel, a souvent suggere d’annuler son vote. «Puisque l’ensemble des candidats veulent notre bien, raille-t-il, il convient avec gentillesse de donner une chance a chacun en tracant une jolie croix a cote du nom de chacun!» Pour votre homme qui vient de celebrer son 90e anniversaire, annuler son vote a toujours ete une maniere directe de protester contre le systeme et la structure politique en place. Le chansonnier Richard Desjardins critique lui aussi, a ses heures, l’institution electorale, soulignant a la possibilite que puisque la population a maintenant le droit de voter, il ne lui reste plus qu’a obtenir le droit d’opter pour.
Au systeme actuel, des votes annules ne semblent jamais comptabilises formellement mais se retrouvent dans la rubrique vague des «bulletins rejetes». Annuler le vote — ou meme ne pas voter, bien simplement — constitue pourtant une option politique, meme si notre systeme politique tend a en minimiser la legitimite. «Au Quebec, le Directeur general des elections fournit de l’equipement a toutes les ecoles pour apprendre a toutes les jeunes a voter, en collaboration avec le ministere de l’Education», explique Francis Dupuis-Deri, professeur de science politique a l’UQAM. «Tout une systeme politique repose concernant l’enseignement de ce comportement qui considere tel un bon citoyen celui qui vote.»
Le fait de ne pas voter ou d’annuler le vote constitue-t-il une manifestation evidente de decrochage social?
pas toujours, croit l’universitaire: «Ce n’est jamais certain. Le vote, tel que c’est exerce, c’est d’abord J’ai manifestation d’une conception aristocratique en agence: le i?tre capable de reste accapare via une elite, contrairement a votre que laisse entendre l’idee d’apres laquelle le peuple est souverain par l’entremise de ses representants.»
Est-ce donc une faute pour un citoyen de ne pas aller voter ou d’annuler le vote? Pour Vincent Lemieux, professionnel des phenomenes electoraux et professeur emerite a l’Universite Laval, le desengagement envers l’univers politique conventionnel est votre phenomene relativement recent qui touche l’ensemble des democraties dites occidentales. «Sauf dans deux ou trois pays, c’est partout qu’on constate desormais des taux de participation a la baisse, surtout chez des jeunes. Si l’abstention de jeunes de 18 a 24 annees persiste, cela pourrait avoir de lourdes consequences sur le systeme.»
A l’heure ou la publicite de masse est le principal possible qu’utilisent les partis politiques pour rejoindre la population, les gens se sentent plus eloignes que jamais des enjeux electoraux, croit Vincent Lemieux. «Certaines etudes ont montre qu’un contact direct avec les candidats encourage la participation. Mais l’eloignement de l’univers politique par rapport a la base populaire n’est certainement jamais le seul facteur qui explique la depolitisation», s’empresse-t-il d’ajouter.
D’ou vient l’idee qu’il faille absolument voter? Dans l’histoire des idees politiques, la recherche tout d’un monde meilleur ne semble s’i?tre pas toujours conjuguee avec la participation a un scrutin. Loin de la.
Jean-Jacques Rousseau lui-meme, dans Le Contrat social, affirme que la volonte populaire ne se delegue gui?re par le vote. «La souverainete ne pourra etre representee», dit-il. Rousseau raille tout particulierement les illusions qu’entretient a cet egard le parlementarisme britannique, dont le regime canadien reste evidemment issu. Dans Le Contrat social toujours, il ecrit Par exemple ceci: «Le peuple anglais crois etre libre; il se trompe vraiment, il ne l’est que durant l’election des membres du parlement; sitot qu’ils seront elus, Il semble esclave, il n’est rien. En courts moments de une liberte, l’usage que celui-ci en fera merite beaucoup qu’il J’ai perde.»
Dans un autre texte celebre, le philosophe francais Jean-Paul Sartre soutient quant a lui que les elections ne sont en fera qu’«un piege a cons». Apres s’etre livre a une longue analyse historique du systeme francais, Sartre en arrive a dire, dans ce texte des annees 60, que des bulletins de vote, apres l’addition des suffrages, ne font nullement apparaitre l’interet commun du plus large panel mais bien le seul interet de quelques-uns, bien en forcant la majeure partie du temps nos individus a trahir leurs interets collectifs. D’ou son sentiment que le refus de voter, sous une forme ou une nouvelle, puisse etre au mieux legitime, voire pleinement raisonnable.
Dans plusieurs des mouvements de contestation qui animent et secouent toute l’histoire d’une pensee politique, on croit, dans le meme esprit, que le jeu electoral est tordu a sa base meme et qu’il ne sert, en definitive www.datingmentor.org/fr/caffmos-review/, qu’a reconduire pour votre autre mandat des entites deja en place et quasi immuables.
Au Quebec, Afin de les elections de lundi, le collectif libertaire «Nous on vote pas!» propose l’abstention selon une logique de simple opposition au pouvoir de l’Etat. Ce groupe disait hier, par voix de communique, vouloir «defendre la legitimite de l’abstention comme choix politique viable». Sur son site web, il explique que «l’Etat reste la forme que prend une classe Afin de asseoir sa propre domination et la Realiser accepter au nom de “l’interet general”. L’Etat perpetue ainsi la societe divisee en classes sociales antagoniques: ceux qui possedent et ceux qui doivent bosser Afin de subvenir a leurs besoins».
Anais, une jeune preposee aux beneficiaires toute frele, et son ami Olivier, stagiaire en cooperation internationale, ont assis devant un demeure, bien en bas d’un petit commerce du quartier Hochelaga-Maisonneuve, une banderole qui incite nos passants a ne pas voter. «On n’est jamais des anarchistes, explique Olivier. Moi, je milite plutot pour l’environnement.» Quant a elle, Anais s’interesse surtout au sort fera a toutes les malades en psychiatrie. Pour eux, nullement question de voter: la societe doit remplacer avec d’autres moyens que les elections, qu’ils considerent correctement comme un «simple cirque».